De la rigueur, encore de la rigueur, toujours de la rigueur! Tel est le message envoyé par le gouvernement Ayrault, ce vendredi, après que les premiers éléments du budget 2014 ont été rendus publics. Au menu donc: des milliers de suppressions d’emploi dans la fonction publique et des baisses de crédits qui permettraient de réaliser 14milliards d’euros d’économies l’an prochain: 1,5milliard d’euros retiré aux collectivités locales, 5milliards ôtés à la Sécurité sociale et 7,5milliards retranchés au budget de l’État. Ainsi, tous les ministères sont invités à baisser de 2% leurs postes de dépense. 16 missions de service public sur 28 réparties sur 10 ministères verront leurs crédits diminuer. 1451 postes vont disparaître: 12949 postes créés pour 14400 postes supprimés, dont plus de la moitié – 7940 – pour le seul ministère de la Défense. Autre grand perdant de la roulette budgétaire: le ministère de l’Économie et des Finances. Alors que l’accumulation des affaires a mis en lumière le manque d’effectifs des agents de Bercy, notamment dans le cadre de la lutte contre la fraude fiscale, le gouvernement Ayrault annonce la suppression de 2634 postes. Après 25000 emplois détruits depuis la mise en place de la RGPP (révision générale des politiques publiques) en 2002 et accentuée par la MAP (modernisation de l’ action publique) depuis l’avènement du président Hollande en 2012, Bercy voit donc ses effectifs fondre de nouveau. En plein débat sur la transition énergétique, Delphine Batho appréciera aussi les quelque 1093 postes en moins prévus dès 2014 au ministère de l’Écologie et du Développement durable. Un signal jugé «désastreux» par Jean-Vincent Placé. Le président du groupe écologiste au Sénat prévoyant même dans les colonnes du JDD que la politique d’austérité et de rigueur menée par le gouvernement pourrait provoquer un débat pour le vote du budget chez les Verts. L’agriculture, le sport ou encore les affaires étrangères verront eux aussi leur budget amputé en moyenne de 800millions d’euros net dès 2014. Au total, depuis le début du quinquennat de François Hollande, ce sont donc 28000 postes de fonctionnaires qui auront été supprimés. Seule bonne nouvelle dans le marasme ambiant, l’éducation nationale se voit offrir 8772 postes supplémentaires.
Les fonctionnaires ciblés
Ces annonces très inquiétantes pour la fonction publique font écho au rapport de la Cour des comptes rendu public jeudi dernier. Didier Migaud, premier président de l’institution, conseillant vivement à ses anciens amis socialistes de mener toujours plus loin la politique d’austérité mise en place au lendemain de l’élection du candidat Hollande. Le rapport de la Cour des comptes plaide en effet pour que le gouvernement trouve 28milliards d’euros supplémentaires d’économie: 13milliards d’euros en 2014 et 15milliards en 2015. Là encore, les fonctionnaires sont dans la ligne de mire, la Cour des comptes privilégiant notamment la poursuite du gel du point d’indice dans la fonction publique pour les deux prochaines années. L’institution propose par ailleurs le non-remplacement d’un fonctionnaire sur six pour ne pas avoir à prolonger le gel de ce point d’indice les années suivantes.
Les 20milliards d’euros de recettes supplémentaires et les 10milliards d’euros d’économies budgétaires mis en place par François Hollande restent donc insuffisants aux yeux des prêtres de la rigueur. À quelques heures du débat d’orientation des finances publiques, qui se tiendra dès demain à l’Assemblée nationale, tout semble indiquer que la politique austéritaire induite par Bruxelles sera respectée avec zèle. Le changement de cap, ce n’est dont toujours pas pour maintenant.
Stéphane Aubouard
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