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Avec Philippe Martinez à sa tête, la CGT reprend de l’élan

ParCGT MEL

Avec Philippe Martinez à sa tête, la CGT reprend de l’élan

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De Billancourt à Montreuil, parcours d’un métallo

 

                                                             

« Dans le cas de PSA, le gouvernement doit prendre ses responsabilités. J’étais délégué syndical central quand Renault a fermé le site belge de Vilvorde en 1997. Le Parti socialiste était au pouvoir. Il nous avait répondu que l’État ne pouvait rien faire. Je ne veux plus entendre ça ! » Juillet 2012. Peugeot vient d’annoncer un plan de restructuration, incluant la fermeture de l’usine d’Aulnay. Secrétaire général de la fédération CGT de la métallurgie, Philippe Martinez tonne. Le bouillant ministre de l’Industrie en prend pour son grade: « Tout le monde parle de Montebourg le rebelle, mais même lui n’a jamais dit qu’il fallait geler les restructurations chez PSA. »
 
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 Une expérience acquise dans le secteur de l’industrie
 
Quelques semaines plus tard, rebelote avec ArcelorMittal et la casse du hautfourneau de Florange. Le voilà à nouveau en première ligne, appuyant la lutte et négociant de pied ferme avec les pouvoirs publics. L’homme qui prend aujourd’hui la tête de la Confédération arrive fort d’une expérience acquise dans un secteur économique clé, l’industrie, et une fédération d’importance, la troisième par le nombre d’adhérents (61 500 fin 2014). L’auto, c’est son berceau, syndical et professionnel. Embauché comme technicien, en 1982, chez Renault à Billancourt, puis muté à Rueil-Malmaison (centre de recherche sur les moteurs), il se distingue en ancrant le syndicat dans cette catégorie de salariés réputée difficile des « blouses blanches », se souvient Fabien Gache, coordonnateur des syndicats CGT de la firme au losange. C’est comme délégué syndical central qu’il prendra part au mouvement historique de solidarité des Renault avec leurs camarades de Vilvorde. La toute première mobilisation sociale européenne, et une forte expérience politique, restée gravée dans sa mémoire, pour cet ancien membre du PCF (qu’il a quitté en 2002, après la suppression des sections d’entreprise).

« IL NE FAUDRAIT DONC PAS QUE LE DÉBAT SUR LES AFFAIRES OCCULTE LES QUESTIONS DE STRATÉGIE », POUR PHILIPPE MARTINEZ.

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Technicien chez Renault, trempé dans les combats pour la défense de l’industrie, Philippe Martinez prend la barre de la confédération, après avoir dirigé la fédération de la métallurgie depuis 2008.

  

Élu à la tête de la fédération des métaux (FTM) en 2008, réélu depuis, il est reconnu pour y avoir « redonné une dynamique très collective », « impulsé un travail sur les enjeux industriels », notamment en « faisant travailler les sous-traitants avec les un dirigeant fédéral. « C’est quelqu’un qui est assez enthousiaste, et qui transmet cet enthousiasme, notamment sur la question de l’emploi industriel, pointe Xavier Petrachi, du syndicat d’Airbus- Toulouse. Face aux fermetures d’entreprises, plutôt que compter les points, les licenciements, il impulse l’idée qu’on peut porter des projets industriels. » Cela revient chez ses camarades : s’il défend la spécificité du syndicalisme CGT – conjuguer mobilisation avec négociation – Philippe Martinez met aussi beaucoup d’ardeur pour appeler à « proposer des alternatives » dans les luttes. « Il ne suffit pas de dire ce qu’on rejette, il faut aussi dire ce que l’on veut. » Outre sa détermination, son franc-parler – « un homme droit dans ses bottes », qui « dit ce qu’il a à dire » –, et ses capacités de « bosseur », on pointe l’importance qu’il accorde à « rencontrer les syndicats, mettre en place des collectifs, dans les territoires, pour les faire travailler solidairement, les sortir de l’isolement ». Son souci, aussi, de faire vivre une démarche démocratique: «La CGT a des repères revendicatifs, mais il faut écouter les revendications des salariés, et en dernière instance les consulter. » Âgé de cinquante-trois ans, entré à la commission exécutive confédérale en 2013, joueur de foot au sein de l’Entente sportive Renault, il a, dans la dernière crise – et tout en rejetant « l’amalgame avec des ministres » ou tel « PDG milliardaire qui achète des électeurs » –, rapidement demandé la démission de Thierry Lepaon et du bureau confédéral. Invitant au débat le plus libre dans sa fédération – dont les échanges étaient retransmis, en détail, dans le bulletin de la FTM envoyé aux adhérents –, il s’est empressé, dans le même mouvement, de pointer les questions de fond posées à toute la CGT par delà la crise de direction: stratégie, rapport au mouvement associatif et politique, syndicalisme rassemblé, etc. Avec la nouvelle équipe dirigeante, le « bosseur » est au pied du mur.
 
YVES HOUSSON
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