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Colère des Conti après la condamnation de six ouvriers

ParCGT MEL

Colère des Conti après la condamnation de six ouvriers

« Les voyous, c’est pas nous ! » Très en colère, les salariés de Continental Clairoix ont improvisé hier matin une manifestation dans les rues de Compiègne en sortant du tribunal correctionnel. Ils venaient d’apprendre que six des sept ouvriers poursuivis après le saccage de la préfecture de la ville, en avril, avaient été condamnés à des peines de trois à cinq mois de prison avec sursis. L’audience en juillet avait mis en évidence le flou des responsabilités : sept ouvriers étaient poursuivis après avoir été désignés par la direction, alors que près de 200 d’entre eux étaient présents dans la préfecture de Compiègne le 21 avril dernier.


À la sortie du tribunal, devant 250 ouvriers de Continental, Xavier Mathieu, délégué CGT, condamné à cinq mois avec sursis, a qualifié le jugement de « bel exemple de matraquage de l’État qui veut empêcher la classe ouvrière de s’exprimer », ajoutant : « J’ai de la rancœur, on s’est battu dignement et le gouvernement a décidé de faire un exemple. » Christian Fougeroux, un ouvrier de Continental, a souligné qu’on « aurait pu profiter du procès pour apaiser le climat social. C’est tout le contraire, le ton est donné ».


Les prévenus, condamnés pour « destructions en réunion de biens au préjudice de l’État », ne sont pas au bout de leurs peines : s’ils ne font pas appel, ils devront de nouveau comparaître, au civil cette fois, le 4 novembre, pour répondre des dégâts estimés à quelque 63 000 euros. « Compte tenu des éléments, la peine est incompréhensible, a estimé l’avocate des Conti, Marie-Laure Dufresne-Castets. Ce jugement consacre le principe d’une responsabilité pénale collective, c’est la loi anticasseurs ! »


Les Conti ont reçu de nombreux soutiens politiques et syndicaux. Olivier Besancenot (NPA), présent à Compiègne, s’est dit « écœuré » devant ce qu’il a qualifié de « provocation », tandis qu’Arlette Laguiller, également présente, a jugé « inadmissible que les travailleurs paient alors que ce sont les dirigeants de l’entreprise qui ont ruiné un territoire ». Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF de l’Oise, a réagi en rappelant que « des milliers d’emplois directs et indirects sont supprimés et les salariés jetés sur le pavé… mais ce sont six ouvriers coupables de s’être opposés à ces choix désastreux pour leur vie, pour leur famille, pour notre région qui sont condamnés ! ». Pierre Laurent, coordinateur national du PCF, a condamné un procès où « le contraste entre un dossier d’accusation totalement vide et la lourdeur des peines prononcées est révoltant », et témoigné la « pleine et entière solidarité de tous les communistes avec les syndicalistes de Continental ».


Pour Solidaires, « ces condamnations sonnent comme une revanche vis-à-vis de salariés, de militants qui ont mené pendant des semaines une lutte sans concessions, qui n’ont pas cédé aux menaces et chantage de la direction et des pouvoirs publics, et qui ont été capables d’imposer des reculs importants à la direction de Continental ». Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a condamné sur BFM un « système de judiciarisation qui est préjudiciable », ajoutant : « La violence n’est pas toujours là où on croit. »

 Dans une déclaration signée de la confédération, de l’union départementale de l’Oise et de la Fédération de la chimie, la CGT a exprimé son « soutien aux salariés de Continental et à tous ceux qui luttent pour le maintien et le développement de leur emploi ». Pour le syndicat, « alors que les salariés ont un impérieux besoin de sécurité dans leur emploi et dans leurs droits, d’un côté, on criminalise ceux qui luttent face aux décisions unilatérales des actionnaires, de l’autre, on fait preuve d’indulgence, voire de connivence, avec les dirigeants qui imposent leurs décisions stratégiques sacrifiant les entreprises et l’emploi ». Les Conti se sont donné jusqu’à la fin de la semaine pour décider s’ils font appel.

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